lundi 4 juin 2012

12.


Tu sais, depuis toi j'ai l'impression que la vie m'a entraînée dans une ronde pour que tu sortes de ma tête. J'ai été aidée par le fait qu'on ai coupé les ponts, qu'on ne se voit plus, qu'on ne s'appelle plus, que chacun fasse comme si l'autre n'avait jamais existé. Tu sais, je me demande encore aujourd'hui si durant ces 4 années j'ai existé pour toi. Tu as été l'amour de ma vie durant 4 ans, tu as été celui qui m'a redonné le sourire, qui m'a rendue plus forte, plus courageuse, plus amoureuse ...

Tu sais, depuis toi j'ai eu des tas de premières fois. Pas de ma vie, mais depuis toi. Il y a eu cette première fois où j'ai pris le train sans toi, totalement détruite, sans vraiment savoir que le pire était à venir. Il y eu cette première fois en vacances, sans toi, sans savoir où tu étais, avec qui, si tu allais bien, si tu pensais un peu à moi ... Il y a eu cette première fois où on m'a demandé où tu étais, où j'ai dû dire que tu ne serais plus là, près de moi, parce que tu ne m'aimais plus, que je ne faisais plus ton bonheur, la voix brisée par le chagrin. Elle a apporté la première fois depuis des années où mon oncle m'a serrée contre lui en murmurant "C'était un con ..." Et il avait raison. Pour la première fois depuis ce jour je me disais que tu étais un con. Que des dizaines de filles allaient t'aimer dans ta vie, mais est-ce qu'une seule allait t'aimer autant que moi ? Tu étais un con de me laisser partir parce que je t'aimais au delà du raisonnable, même si je savais qu'il fallait des changements, mais je les acceptais pour toi. Même si tu as retrouvé le bonheur si peu de temps après moi, tu étais un con de renoncer à moi. Il y a eu ce premier rire loin de toi, loin de nous, un rire sincère et frais. Et quand je m'en suis rendue compte, je me suis effondrée. Et puis il y a eu cette première fois où je rentrais à Paris. Pas à la maison, pas à toi. A Paris. Vers une nouvelle vie encore.

Tu sais, il y a eu la première fois que je me suis couchée dans un lit sans toi. Je t'ai cherché durant des nuits et des nuits. J'ai cherché son souffle, ton corps, ta chaleur contre moi. J'ai cherché tes soubresauts, tes murmures dans ton sommeil. Cette façon que tu avais de t'accrocher à moi parfois, de me ramener à toi et d'avoir l'air enfin apaisé. J'ai cherché cette sécurité que je n'aurais plus. J'ai passé des nuits entières les yeux ouverts à guetter la porte. Il y a eu cette première fois où j'ai rêvé de toi, où je t'ai appelé en sanglotant dans mon sommeil, où j'ai vu les yeux remplis de larmes de ma mère qui semblait se demander si j'allais guérir un jour de toi. Et il y a eu la première nuit où tu n'es pas venu dans mon sommeil, où j'ai rêvé de tout et rien. Mais pas de toi. Il y a eu ce premier matin où je t'ai maudit d'être parti à la fac sans me dire au revoir. Et puis le souvenir que tu ne me dirais plus au revoir en partant à la fac, alors que je cherchais toujours à te retenir auprès de moi. Il y a eu ce premier matin, qui m'a semblé être le premier matin du monde, où j'ai erré, en me demandant si j'allais finir folle. Où j'ai faillit le devenir. Où j'ai survécu.

Tu sais, il y a eu aussi la première cuite que je me suis prise. Avec tes amis à toi. Qui me racontaient que tu étais déjà amoureux d'une autre. En rigolant. La première crise d'angoisse dans le métro. Où je ne pouvais pas t'appeler. La première nuit à l'hôpital, en observation, la première d'une longue série. Elles étaient reliées, mais je ne l'ai su que plus tard. Ce premier SMS d'appel au secours, auquel tu m'as juste dit d'arrêter de te faire chier. Ce premier signal qui aurait dû s'allumer dans ma tête. Il y a eu aussi le premier ciné sans toi. J'ai vécu le film passivement. Même avec le ticket sous les yeux je ne m'en rappelle que vaguement. Il y a eu la première fois où j'ai revu des films qu'on avait aimé tous les 2. Certains sont encore trop durs. Je ne regarde plus Amélie Poulain. Elle me fait trop de mal là où elle m'a fait tant de bien. J'écoute la musique, je ne regarde pas le film. Je revois ton regard attendri. Je revois à quel point sous bien des rapports j'étais une enfant auprès de toi. Malgré tes 7 ans de moins que moi, tu as si souvent été le plus mature de nous. Il y a eu cette première fois où j'ai réécouté Chinese Man. Mon coeur s'est détaché de ma poitrine. Je ne les aime que depuis peu maintenant. Chaque chanson est chargée de quelque chose. Il y a eu cette première fois où j'ai entendu Stairway to Heaven dans un restaurant. J'avais entamé mon entré. J'ai payé et je suis partie. Et j'ai pleuré durant une semaine. Encore aujourd'hui, presque un an après je ne peux toujours pas l'écouter. Il y a eu la première fois où j'ai prononcé ton prénom. Aujourd'hui j'interdis à quiconque de le prononcer dans la même pièce que moi. Et étonnamment, ou pas, je ne fais qu'en croiser des gens avec ton prénom.

Tu sais, des garçons il y a en eu depuis toi. La première fois que j'ai couché avec un autre que toi je t'ai cherché dans ma tête. J'ai voulu imaginer que c'était toi. Ça ne l'était pas. J'ai pleuré longtemps après. Il ne savait pas quoi dire, je ne pouvais pas parler. Et puis ils se sont succédés. Aucun n'était toi. N'avait ton corps, ton odeur, ta façon de faire, de dire, de m'embrasser, de me prendre. Il y a eu la première fois où j'ai cru être amoureuse. Il y a eu ce premier faux chagrin d'amour. Tout ça pour te chasser de ma tête, me dire qu'ayé j'avais passé le cap. Jusqu'à la première fois où j'ai su que j'étais malade. Que je n'ai pas pu partager ça avec toi. Jusqu'à ce que je sache que porter ton enfant et le tuer pour ne pas qu'il me tue m'empêche d'en porter d'autres. Jusqu'à ce que j'ai le courage de te le dire, que mes trompes sont trop abîmées, que là ou pas, rien ne pourra pousser en moi ... Et que tu me répondes "Relou ..." Il y a eu toutes ces fois où j'ai cru te détester alors que je me voilais la face. Et puis cette première fois où je t'ai haï de ta réponse. Où pour la première fois de ma vie j'ai su comment c'était de n'avoir pas compté pour quelqu'un. D'avoir passé 4 ans à ses côtés, l'avoir aimé à s'en oublier de vivre, avoir été là dans tous les moments, avoir fait tellement et plus encore, et à espérer ne serait ce qu'un peu de compassion ... Je te dois cette première fois. Cette première et unique fois où réellement j'aurais pu me tirer une balle dans la tête pour cesser d'entendre ta voix murmurer ce "Relou ..." qui était en train de me tuer.

Tu sais, des premières fois il y en a encore à venir. Des premières fois sans toi, sans nous, où j'apprends encore la vie. Chaque jour je pense un peu moins à toi, pourtant mon coeur est toujours prêt à éclater tellement je t'aime encore. Je fais la forte pour arriver à me convaincre que je vais y arriver, que je vais cesser de t'aimer. Je sais que j'y arriverais. Je dois y arriver. Mais quand j'arrête de me voiler la face, je vois encore à quel point tu es présent dans ma tête, mon corps, mes rêves. Tu m'as laissé cette marque indélébile en moi, jamais je ne pourrais oublier le jour où je voudrais être mère, que si je ne peux pas l'être c'est à cause de la personne que j'ai le plus aimé dans ma vie et qui m'aura fait le plus mal aussi ... Et malgré tout ça, je t'aime encore. Même si maintenant on est aux antipodes de ce qu'on a pu être, qu'on se sera jamais des amis, qu'on ne se reverra plus. Ca partira avec le temps, et j'attends avec impatience la première fois où je pourrais dire "Je ne l'aime plus"...


2 commentaires:

  1. J'aimerais tellement que ça arrive vite ... Y'a des périodes où je reste prostrée chez moi tellement j'ai mal, et d'autres où j'oublie presque qu'un jour il a été là ..

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