lundi 7 mai 2012

10.


Quand il s'agit du foot, je ne suis pas française. Je laisse mes origines parler et je suis purement espagnole. Mais parfois dans l'année, je me sens profondément française.

Hier soir j'ai vécu une chose que je ne pensais même plus vivre un jour. Quand mes parents m'avaient parlé de 1981, j'étais pas née encore. Quand ils m'avaient parlé de 1981, de la liesse des gens dans la rue, des roses rouges partout, de leur joie d'avoir participé à ça j'étais jalouse. Moi la première fois que j'ai voté pour des élections présidentielles, j'ai vécu le Front National qui passait au 2nd tour comme ça, sans sommation, sans prévenir. J'ai vécu l'obligation, la mort dans l'âme de voter pour un parti qui n'était pas le mien. Pour la suivante élection, j'ai voté plus par principe que par conviction pour la candidate de mon parti. Elle me faisait honte, elle me faisait avoir honte d'être une femme moi aussi, honte de relayer ce en quoi je croyais et d'en faire ce qu'elle a fait. Sûrement croyait-elle en ce qu'elle disait, mais à cause d'elle on a hérité de 5 ans de galères. 5 ans à ruminer. 5 ans à se dire que j'avais mal à la France.

Bien entendu, mon parti n'est pas blanc. Loin s'en faut. On se rappelle tous de cette personne pour qui on aurait pu voter. Cette personne rattrapée il y a un an dans un avion. Saura-t-on jamais le fin mot de l'histoire ? Je me rappelle de cette soirée là, de comment je l'avais appris. Au delà du scandale politique, cela reste l'un des meilleurs derniers souvenirs que j'ai avec Lui. A ce moment là nous étions 3 sans le savoir. Je ne veux pas y revenir. Je le revois juste arriver, titubant à l'entrée de notre chambre et me murmurer "Bébé, y'a DSK en prison, il a violé une femme." Et puis les semaines et les mois qui ont suivi. Où on remet tout en cause. Où on se demande si réellement on a fait les bons choix depuis toujours.

Et puis les choses ont changé. J'ai vécu cette campagne intensément. J'étais fière de voir qui allait nous représenter. J'ai été sceptique comme beaucoup, mais j'ai été derrière jusqu'au bout, et hier quand j'ai mis mon papier dans l'urne, j'étais contente. Et hier soir quand j'ai vu les résultats je n'ai pas pu m'empêcher de verser ma larme. De bonheur, de joie, de fierté.

Hier soir, je me suis réconciliée avec la France. Hier soir je n'avais plus mal à mon pays. Hier soir il m'a rempli de joie et de fierté. Je n'étais pas physiquement Place de la Bastille, mais mon y était et mon coeur était à la fête. Hier soir, c'était tout juste comme je l'avais imaginé, en mieux ... Maintenant, il a tout à faire. On l'a hissé là, j'espère qu'il ne nous décevra pas ...

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