dimanche 29 avril 2012

9.


Il y a ce moment où tu as décidé de te reprendre, de tirer les enseignements de tout ce que tu as vécu dernièrement. Où durant ta dernière cuite en début de semaine tu as envoyé des SMS au mec dans la pièce à côté, où il t'a bloquée sur facebook (et qu'après coup tu te rends compte qu'il était pas si génial et que tu t'en fous), où tu tires aussi un trait sur des gens pas si fabuleux en fin de compte ... Bref, tu te reprends quoi. Tu vas bien, tu renoues avec d'autres, et surtout, surtout, tu positives. Et puis le week end se finissant, tu te dis en rentrant le samedi soir que tu vas ptètre aller chercher ton courrier. Et là, le coup de massue te tombe sur le coin de la gueule, sans prévenir, sans sommation. Et tu n'as pas le choix, tu vas faire semblant d'aller bien, tu vas sourire, et bien correctement, pour que personne ne s'aperçoive de rien. Parce que ce qui arrive, c'est la parfaite illustration que la vie est ironique et une sacrée belle chienne.

Après mon avortement, j'avais envie d'oublier un peu tout ça, je devais faire mon deuil, le deuil de mon échec à procréer même si je ne voulais pas de cet enfant, le deuil de la ma relation avec mon ex (avec qui ça n'allait déjà plus mais qui a précipité la rupture et ce qui en a découlé), le deuil de l'unique enfant que j'aurais voulu dans ma vie. Et que j'aurais porté. J'avais subi des tests récemment chez le gynéco car j'avais fait une connerie (entendre rapport non protégé) et j'avais un peu peur de remettre ça. Une IVG une fois oui, deux fois non. J'aurais pas supporté. Et surtout, mon ex a été la seule personne que j'ai aimé assez pour vouloir un jour porter son enfant. Mais ça, il ne l'a jamais su. Toujours est il que j'ai fait des tests sur des maladies tout ça, et j'ai parlé avec le gynéco qui m'a proposé de voir où j'en étais, tout ça ... J'avais un peu oublié parce que pour moi tout allait bien, j'étais chanceuse. Je croyais pas si bien dire. En ouvrant la lettre j'ai su pourquoi j'avais rien à craindre. Grosses extra-utérine + IVG, ça m'a été fatal. Je ne pourrais pas avoir d'enfant. Mes trompes ont été trop abîmées, et voilà.

Je ne veux pas rentrer dans les détails. Quand j'ai vu ça, j'ai rigolé. Hystériquement. Moi la nana qui hurlait au monde entier que je détestais les enfants, que jamais je ne cesserais de sortir parce que je ne voulais pas qu'un mioche me fasse chier, que jamais je ne partagerais mon mec avec un bébé ... Mes prières ont été exaucées ... Et pourtant, c'est facile de dire ça, quand on a la certitude d'aller bien. Après tout, si mon ex avait pu réveiller ça chez moi un jour, pourquoi pas un autre, un jour ? Ben non. Le 22 mai je revois mon gynéco, on pourra en parler plus longuement, et j'en saurais moi-même un peu plus ... Mais pour le moment, il faut ressortir son armure de petit soldat et faire semblant que tout va bien. Plus le choix, on choisit son plus joli sourire, on met ses vêtements de lumière et c'est parti pour le grand show, où personne ne saura jamais rien. Je ne peux pas en parler aux gens. Je crois que je ne supporterais pas les "Ben ça t'arrange, t'aime pas les enfants et tu en voulais pas ..." Et puis je ne veux plus qu'on me dise que j'ai tendance à la victimisation. Ça je l'ai compris, alors en public je ne fais que déconner et je ne me mets plus en avant. J'apprends vite des remarques qu'on me fait, et celle là m'a particulièrement marquée. Surtout venant d'un ami proche.

Il y a ce moment où tu crois que tu es une faible. Et il y a ce moment, tous ces moments où tu dois te battre. Être une warrior, sourire, rire, chanter, danser. Il y a ce moment où même dans une salle remplie tu es seule. Et il y a ce moment où tu es seule, et où tu aimerais être dans une salle remplie. Où tu ne voudrais être qu'avec une seule personne. Ce moment là, où une chanson résonne dans ta tête...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire